Vue du ciel

Vues du ciel à travers les images satellites. Les ruines du clocher de la tour de guet forment une croix latine.

Vues du ciel en 2015 :

Vue du ciel en 2018 :

Vue du ciel en 2021 :

Des ruines du clocher de l’église de Maison-Ponthieu surgit un crucifix de pierre ! Faut-il y voir un signe d’espérance ?
L’église de Maison-Ponthieu – comme un sacrifice – est-elle l’image de tout un patrimoine rural français en péril ?

Entretiens avec …

  • Septembre 2021

Selon les propos de Daniel Bontemps, ancien conservateur des monuments Historiques, il faut essayer de garder le mur nord de la tour de Guet et le mur à l’Oculus, seules traces les plus anciennes de cette église. « Lors de la dissémination du tas de gravas, il s’agira d’essayer de récupérer les pierres de tailles en bonne état, retrouver la clef de voute aux armes de France de la salle du premier étage, récupérer les nervures des voutes, de la cheminée, etc. »
L’association propose d’exposer ces éléments dans le nouveau futur clocher, en souvenir de la tour de Guet.

Daniel Bontemps estime la construction du mur à l’oculus aux alentours du XII- XIIIe siècle. Cette façade occidentale serait bâtie peut-être au début de l’art gothique. Il pense que nous pourrions dater plus précisément ce mur, en proposant à l’architecte de dégager délicatement l’oculus bouché, pour peut-être découvrir un remplage d’une rose, ou d’anciens éléments de menuiserie.

Eveiller ma conscience patrimoniale avec …

« Maisons de Dieu ! manoirs des rois !

Vous qui témoignez de nos gloires,
Vous qui proclamez nos grandeurs ! 

J’aimais la tour, verte de lierre,  

L’église veillant sur les tombes,

La citadelle crénelée 
Ouvrant ses bras sur la vallée 
Comme des ailes d’un vautour.  

O Français ! Respectons ces restes !
Le ciel bénit les fils pieux
Qui gardent, dans les jours funestes,
L’héritage de leurs aïeux.
Comme une gloire dérobée
Comptons chaque pierre tombée. »

Victor Hugo, La Bande Noire, Odes et ballades, 1823.

« Chaque jour quelque vieux souvenir de la France s’en va avec la pierre sur laquelle il était écrit. »

Victor Hugo

 « Il ne faut pas se lasser de le répéter, les réparations, si elles ne sont pas conduites avec intelligence, laissent sur nos édifices des traces plus ineffaçables que celles que le temps ou la vandalisme peuvent leur imprimer. »

Prosper Mérimée, « Rapport de 1848 »

« Le principe des temps modernes […] consiste d’abord à négliger les édifices, puis à les restaurer. Prenez soin de vos monuments et vous n’aurez nul besoin de les restaurer. Quelques feuilles de plomb placées en temps voulu sur la toiture, le balayage opportun de quelques feuilles mortes et de brindilles de bois obstruant un conduit sauveront de la ruine à la fois murailles et toiture. Veillez avec vigilance sur un vieil édifice, gardez-le de votre mieux et par tous les moyens de toute cause de délabrement. Comptez-en les pierres comme vous le feriez pour les joyaux d’une couronne, mettez-y des gardes comme vous en placeriez aux portes d’une ville assiégée ; liez-le par le fer quand il se désagrège ; soutenez-le à l’aide de poutres quand il s’affaisse ; ne vous préoccupez pas de la laideur du secours que vous lui apportez, mieux vaut une béquille que la perte d’un membre ; faites-le avec tendresse, avec respect, avec une vigilance incessante, et encore plus d’une génération naîtra et disparaîtra à l’ombre de ses murs. Sa dernière heure enfin sonnera ; mais qu’elle sonne ouvertement et franchement, et qu’aucune substitution déshonorante et mensongère ne le vienne priver des devoirs funèbres du souvenir. […] La conservation des monuments du passé n’est pas une simple question de convenance ou de sentiment. Nous n’avons pas le droit d’y toucher. Ils ne nous appartiennent pas. Ils appartiennent en partie à ceux qui les ont construits, en partie à toutes les générations d’hommes qui viendront après nous. »

John Ruskin, Les sept lampes de l’architecture, 1849.

« Il y a une foule de paysages qui n’ont de charme que par le clocher qui les domine. Il faut conserver l’église, ne fût-ce que comme effet de paysage ».

Ernest Renan, Patrice, 1908.

« Le monument a pour fin de faire revivre au présent un passé englouti dans le temps ».  

Françoise Choay, L’Allégorie du patrimoine, Paris, Editions du Seuil, 2007.

« Après avoir dévoré quelques larmes de rage, nous nous empressâmes de dresser nos chaises parmi les échelles de maçon et de les dessiner à la hâte, la frise charmante ou l’ornement gracieux qui allait disparaître ».

Isidore Taylor, Voyages pittoresques et romantiques de l’Ancienne France, (premier recueil du patrimoine français 1820 à 1878).

« Les architectes français ne sont pas du tout formés à ce concept [La Charte de Venise] qui vise à respecter les évolutions successives de l’histoire d’un bâtiment. Ils en restent à la manière de Viollet-le-Duc, à un retour au ‘dessin initial supposé’. Très rares sont ceux qui adoptent une attitude ‘ouverte’, à la manière anglaise ou italienne. Par exemple, en France, dans les projets de restauration des églises médiévales, on supprime les sacristies construites aux XVIIIe et XIXe siècles. Comme à Versailles, où on restaure le château tel que l’a laissé Louis XVI à son départ, en supprimant tout de Napoléon III et Louis-Philippe. »

Jean-Michel Leniaud, historien in « On passe son temps à briquer les monuments » propos recueillis par Frédéric Edelmann et Florence Evin, Le Monde | 17.09.09

La charte de Venise

(mai 1964)

Chargées d’un message spirituel du passé, les œuvres monumentales des peuples demeurent dans la vie présente le témoignage vivant de leurs traditions séculaires.

L’humanité, qui prend chaque jour conscience de l’unité des valeurs humaines, les considère comme un patrimoine commun, et, vis-à-vis des générations futures, se reconnait solidairement responsable de leur sauvegarde. Elle se doit de les leur transmettre dans toute la richesse de leur authenticité.

Art 6 : La conservation d’un monument implique celle d’un cadre à son échelle. Lorsque le cadre traditionnel subsiste, celui-ci-sera conservé, et toute construction nouvelle, toute destruction et tout aménagement qui pourrait altérer les rapports de volumes et de couleurs sont proscrits.

Art 7. Le monument est inséparable de l’histoire dont il est le témoin et du milieu où il se situe.

Art 9. La restauration est une opération qui doit garder un caractère exceptionnel. Elle a pour but de conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument et se fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques. […]La restauration sera toujours précédée et accompagnée d’une étude archéologique et historique du monument.

Art 11. Les apports valables de toutes les époques à l’édification d’un monument doivent être respectés, l’unité de style n’étant pas un but à atteindre au cours d’une restauration. Lorsqu’un édifice comporte plusieurs états superposés, le dégagement d’un état sous-jacent ne se justifie qu’exceptionnellement et à condition que les éléments enlevés ne présentent que peu d’intérêt, que la composition mise au jour constitue un témoignage de haute valeur historique, archéologique ou esthétique, et que son état de conservation soit jugé suffisant.
Le jugement sur la valeur des éléments en question et la décision sur les éliminations à opérer ne peuvent dépendre du seul auteur du projet.

Art 13. Les adjonctions ne peuvent être tolérées que pour autant qu’elles respectent toutes les parties intéressantes de l’édifice, son cadre traditionnel, l’équilibre de sa composition et ses relations avec le milieu environnant.