Sauvons notre patrimoine

« L’architecture est le seul art dont les œuvres exigent d’être matériellement parcourues. Elle seule exige des tours, parcours, détours qui impliquent l’investissement du corps entier et que la seule perception visuelle ne peut remplacer ».

Françoise Choay

« Tremblement du sol »
« Grondement assourdissant »
« Poussières des siècles passés »
« Paysage de guerre »

L’effondrement

Le 15 janvier 2014, à 22h15, les quatre importantes gargouilles surplombant le sommet du clocher de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption se retrouvent à terre.

La tour de guet construite au XVe siècle, n’est plus. Elle s’effondre sur elle-même en quelques secondes laissant le reste de l’église orpheline de son remarquable clocher. Abimant une partie de la nef et laissant un trou béant dans l’église ; le reste de l’édifice est aujourd’hui en péril.

« Incompréhension totale ». Comment le clocher a-t-il pu s’effondrer soudainement sur lui-même ? Moult interrogations affluent.

La toiture de la nef a été intégralement restaurée par la mairie en 2009. Cet effondrement plonge le village dans un profond désespoir car l’église avait fait peau neuve depuis seulement cinq ans… 

Des étaies de soutènement sont immédiatement installées pour consolider le reste de l’église par l’architecte nommé par la commune. Une partie des galeries souterraines autour de l’église sont également explorées. Des forages sont réalisés dans les sols sous le clocher, mais aucuns éboulements ne sont découverts.
Plusieurs hypothèses sont alors soulevées, et certains problèmes par effet domino, ont peut-être provoqué cet écroulement.

Problème d’oubli de classement ou d’inscription au titre des Monuments historiques

Rare sont les édifices avec de nombreux objets du XIXe siècle inscrits au titre des monuments historiques, sans que des murs du XVe siècle de ce même édifice ne soient  eux-mêmes protégés au titre des MH. C’est le cas de l’église Notre-Dame de l’Assomption de Maison-Ponthieu.  Cet édifice religieux était davantage connu par sa monumentale tour de guet, visible à des kilomètres à la ronde, que par son décor intérieur.

Son clocher-tour était l’élément architectural le plus remarquable de l’église. (La cloche est classée depuis 1912).

Malgré son immense intérêt historique et artistique, elle est l’oubliée des Monuments historiques. Aucun architecte n’est venu inspecter en détail l’état de l’église depuis des décennies. L’effet domino s’est enclenché. L’œil d’un architecte voit les fêlures d’un bâtiment ancien. Si l’entretien d’un édifice n’est pas réalisé en temps voulu, les dommages en seront d’autant plus importants avec le temps.

Problème d’entretien de la tour.

Déjà en 1909, lors de la visite de l’historien Roger Rodière dans la tour, « la cage d’escalier, carrée au dehors, et cylindrique à l’intérieur, est toute lézardée ; le noyau et les marches, refaits en bois, sont en très mauvais état ». Il y a plus de 100 ans, la tour était déjà fatiguée…

Problème de construction et de juxtaposition de deux éléments d’architecture.

Le clocher construit au XVe est venu épouser la façade occidentale plus ancienne et de plus petite envergure. L’union et la disproportion de deux constructions de différentes époques n’ont peut-être pas été associées convenablement. Avec le temps et la dissolution de la nature sur les masses, une infime fracture entre le clocher et le reste de l’église est peut-être apparue.

Problème d’un important morceau de charpente de la nef cassé depuis plusieurs décennies.

Après l’effondrement, un arbalétrier de la charpente de la nef cassé depuis des décennies a été découvert par un maître couvreur-charpentier. Passée entre les mailles du filet, cette pièce de bois n’a malheureusement jamais été remplacée ou réparée. Ainsi certaines forces de la charpente de la nef appuyaient-t-elles sur la tour. La direction de l’éboulement appuie cette hypothèse.

Problème de tremblements du sol répétés au pied de l’église.

Au début des années 2010, un chantier de construction d’une vingtaine d’éoliennes débute sur les terres du plateau de la commune de Maison-Ponthieu. Malheureusement, les camions de transport devaient traverser le village et passaient sur la route à proximité de l’église. Certains habitants du village se sont plains des tremblements des murs de leurs maisons dû aux transports lourds à répétition.

 
L’église de Maison-Ponthieu doit servir d’exemple
pour qu’aucune autre église remarquable ne subisse le même drame…

 

Le projet

Dépourvue de son clocher, il est primordial que l’église retrouve sa cloche. L’association aide et conseille la commune de Maison-Ponthieu à choisir un projet de restauration et de reconstruction le plus respectueux possible pour l’église restante.

Le terme « monument » dérive du latin monere, qui signifie « faire penser, faire se souvenir », ce qui interpelle la mémoire.

Malheureusement, reconstruire la tour de guet du XVe siècle à l’identique est impossible… ( Quoique, Notre-Dame de Paris a cet honneur ! )

Le projet actuel  à 1 100 000 €, de l’architecte de la commune de Maison-Ponthieu – l’architecte du patrimoine, Hugues Dewerdt – est de reconstruire un nouveau clocher de plan carré, se terminant par une charpente similaire à l’ancien clocher – pour remettre la cloche. Cela entrainera la destruction du reste du mur nord de l’ancien clocher-tour de guet (XVe siècle) et du mur à l’oculus (XII-XIIIe). Dès l’effondrement de la tour, des étaies de soutènement ainsi qu’un échafaudage intérieur ont été installés pour soutenir et protéger le reste de l’église. Malheureusement, depuis 7 ans, aucunes protections contre les intempéries n’ont pu être installées au dessus du trou pour protéger l’intérieur de l’église ainsi qu’au dessus des anciens vestiges.

Lorsque le tas de gravas sera dégagé lors de la première tranche de travaux, l’association pour la sauvegarde de l’église de Maison-Ponthieu soutiendra la Commune et l’architecte à réaliser un diagnostique structure de ces deux murs – seules traces les plus anciennes de cet édifice.
Si le mur à l’oculus d’1m20 de large peut être sauvé ainsi que le mur nord de l’ancienne tour de guet ou même un vestige, infime soit-il ; cela permettrait de conserver une partie de notre histoire et de mettre au jour une période ancienne de l’église que tout le monde ignorait.
Nous espérons qu’une consolidation pourra être possible, pour montrer aux générations futures une trace réelle et concrète de ce patrimoine ancien. Cette mise en valeur pourrait même être un atout pour le village. Ces vieilles pierres sont une réelle découverte directement liée à l’histoire de France et du Comté du Ponthieu.

L’association propose et soutient l’idée que la construction du nouveau clocher pourra venir ensuite directement épouser l’existant en se servant du mur nord restant de la Tour de Guet sans reposer sur cette ancienne façade occidentale ; peut-être coté nord en décalé, ce qui mettra en évidence la partie primitive de l’église.
Depuis de nombreux siècles, les destructions issues des conflits, et particulièrement celles des deux dernières guerres mondiales, ont ravagé les régions du nord de la France. Mettons toute notre énergie pour sauvegarder ces vestiges du Moyen âge, devenus rarissimes dans notre région.
« Le monument a pour fin de faire revivre au présent un passé englouti dans le temps ». Françoise Choay, L’Allégorie du patrimoine

Nos savoirs, nos traditions, nos cultures sont propres au façonnage de nos territoires durant des siècles, et font aujourd’hui la richesse de notre pays.

Gardons dans nos consciences tout le poids et l’énergie des vies de nos anciens que ces pierres détiennent. Les empreintes, les passages, les chants, les baptêmes, les mariages, les enterrements, les joies, les tristesses, les espérances, les prières de nos ancêtres ; ainsi que les combats, les prouesses, les heures de surveillances de l’horizon, les soins et les peurs des veilleurs de notre village des siècles passés sont inscrites dans ces pierres. Elles sont notre Histoire.

 

 

« Apportez votre pierre à l’édifice »

fondation-du-patrimoine

Une église abandonnée est synonyme de perte de repère, d’identité, de l’histoire et de la mémoire. L’association de la sauvegarde de l’église de Maison-Ponthieu a été créée pour se rassembler ensemble, croyants ou non, autour de la commune de Maison-Ponthieu afin de l’aider à sauvegarder et transmettre aux générations futures son patrimoine historique et spirituel.

Véritable mosaïque de paysages, la France renferme un héritage commun : son patrimoine bâti.

En nous aidant à contribuer à la sauvegarde de notre église, vous participez à la préservation d’une tesselle de cette belle mosaïque qui compose notre belle France.

Via la souscription de la Fondation du Patrimoine, vous participez directement au financement du projet de restauration de cet édifice, authentique joyau du patrimoine de la région du Ponthieu et de la Vallée de l’Authie. Lien vers la Fondation du patrimoine